préparation mentale – cinquièmes années

La lumière naturelle éclairait parfaitement la salle de classe étrangement grande et spacieuse. Ce sentiment d'espace et de liberté dans nos mouvements provenait probablement du vide au centre de la pièce. Aujourd'hui, les pupitres d'écoliers serpentaient sans discontinuité les murs. Les tableaux noirs et autres étagères manquaient à l'appel tout comme le bureau de l'enseignant. Le professeur Arthfæl réaménageait régulièrement la salle de sortilèges selon les enseignements qu'il dispensait même s'il considérait également ses goûts versatiles et son humeur du jour. De ce fait, les sorcières et sorciers de l'école de sorcellerie redécouvraient un nouvel agencement à chaque fois qu'ils dépassaient le chambranle de la porte d'entrée. De quoi les mettre directement dans le bain et de les préparer mentalement. Maintenant, place aux élèves de cinquième année.

Adrian se tenait silencieusement au milieu de l'arène formée par les tables. Il observait sans vaciller un pendule gothique excentré et attendait patiemment que les aiguilles annoncèrent quatorze heures pile. Comme à son habitude, le directeur de la maison Poufsouffle revêtait une énième chemise aux manches retroussées accompagnée d'une cravate modérément colorée.

— Bonjour à tous. Je pense qu'il est approprié de vous rappeler qu'en juin prochain, vous passerez un examen important au cours duquel vous prouverez combien vous avez appris à l'exécution des charmes. Ce brevet est primordial dans la mesure où il peut restreindre les emplois pour lesquels vous pourrez postuler.

Au fur et à mesure de ses paroles, le professeur Arthfæl tournait lentement sur lui-même de sorte à dévisager chaque tête. Il croisait volontairement son regard avec celui des élèves afin de donner du poids et de la force à ses mots. Adrian n'hésitait même pas à s'arrêter quelques secondes lorsqu'il regardait quelqu'un dans les yeux. Cela était une preuve de respect, il considérait ces adolescentes et adolescents comme des individus égaux et pertinents dans leurs interventions orales.

— Mesdemoiselles et Messieurs, je suis aujourd'hui présent pour répondre à vos interrogations. Qu'elles concernent directement ma matière ou non n'a aucune importance. Nous sommes ici pour nous instruire jusqu'à notre dernier souffle car nous n'apprenons pas pour l'école, mais pour la vie.