Un beau matin de septembre ✂ Privé

La première semaine à Poudlard était à peine entamée que, déjà, Newton était dévoué à sa cause. Il voulait à tout prix que l'année commence en beauté avec de nouveaux tours pour ces charmants professeurs qui leur enseignait toutes ces matières lourdes. Il avait passé l'été à fantasmer sur la réaction qu'auraient les grands maîtres de Poudlard en se retrouvant affublés de jolies oreilles de lapin dont ils ne pourraient guère se débarrasser.

Le Gryffondor avait toujours aimé faire des farces et défier l'autorité ; c'était sa manière à lui d'attirer l'attention et de s'amuser. Et puis, il fallait bien l'admettre, c'était aussi sa seule manière de se défouler quand quelque chose ne lui plaisait pas. Certains professeurs étaient détestables et méritaient un bon coup de pied dans le derrière.
Mais bon, il n'avait pas le droit de leur en donner un. Alors, en désespoir de cause, il préférait les humilier. Hé hé.

À pas de souris, en cette matinée ensoleillée, Newton se dirigeait dans l'un des couloirs du rez-de-chaussée sans jamais oublier de jeter un regard en arrière. Il était tellement tôt qu'il était persuadé qu'aucun professeur n'était encore debout. Un sac sous le bras, ses yeux exprimaient déjà l'amusement alors qu'il s'arrêtait devant les deux gargouilles en pierre. Il eut l'impression étrange que les gargouilles le fixaient du regard quand il poussa la porte et entra dans la pièce lambrissée.

Ouf, y'avait personne.
Newt laissa tout de même la porte ouverte et déposa son sac sur l'un des bureaux. Puis, il sortit de là plusieurs tasses à thé magnifiques et les disposa élégamment sur la table. Enfin, il posa ses poings contre ses hanches et bomba le torse d'un air fier. Vite comme ça, il avait juste l'air d'un abruti qui attend de boire le thé. Sauf qu'en se retournant, il accrocha une tasse qui tomba sur le sol en se brisant. Le bruit aurait suffit à attirer n'importe qui. Se raidissant, Newt se dépêcha de sortir sa baguette magique, les dents serrés. « Hémerde. » marmonna-t-il.

La première semaine à Poudlard était toujours un enfer pour Rory. Il aimait beaucoup son lit à la maison, confortable et moelleux. Là-bas en plus, il n'y avait pas beaucoup de bruit, alors que dans le dortoir parfois, c'était difficile d'avoir le silence complet. Ainsi, comme à chaque année, Rory peinait à trouver le sommeil et se retrouvait à moitié endormis dans les salles de classes, bâillent plus souvent qu'autre chose.

Même si ses potes lui trouvait un certain charme avec les cheveux en bordel sur la tête et sa tronche de zombie, Rory savait aussi que son attention n'allait plus vers les professeurs, mais vagabondait plutôt ici et là, sans réel intérêt. Il tombait dans la lune et songeait à des pensées qui ne lui plaisait pas plus que ça ou au contraire, peut-être un peu trop ? Dans tout les cas, ce matin là n'était pas différent des autres.

Endormis, mais réveillé à la fois, le jeune homme quitta le dortoir des blaireaux dans le but de faire une balade, qui sait, cela lui redonnera peut-être le sommeil qu'il ne trouvait plus ? Même si, cela ne lui serait plus d'aucune utilité puisqu'il n'aurait pas le temps de se rendormir ... Tant pis, une balade c'était tout de même bien. Il marchait depuis un moment, quittant le couloir menant à la salle commune des Poufsouffles et la cuisine, montant au rez-de-chaussée en passant devant la salle des professeurs.

Que la porte soit entre ouverte, il ne le remarqua même pas. Ce n'est que lorsqu'un bruit de tasse cassé sonna en écho derrière lui, qu'il fronça les sourcils en arrêtant sa marche. Qu'est-ce que ... ? Dans une expression perplexe, Rory revint sur ses pas en posant la main à plat contre la porte et poussa un peu plus celle-ci. Il y avait quelqu'un dans cette salle et c'était encore trop tôt pour être un professeur ... L'idée de prendre sa baguette qui dormait dans la poche arrière de son pantalon, ne lui vint même pas à l'esprit.

« Qui est là ? » Demanda-t-il d'une voix qui se voulait sur de lui, mais un léger tremblement pouvait être aussi audible. « Je ne suis pas armé, au cas où ... » Et il avait bien fait de faire valoir ce point, puisqu'il tomba nez à nez avec ; « Newt ? » Et celui-ci tenant sa baguette entre ses doigts.

« Qu'est-ce que tu fou là ? Et veux-tu bien baisser ta baguette, je viens de dire que j'avais pas la mienne... » Un petit sourire en coin, il s'approcha en observant la pièce, curieux d'y voir les tasses sur la table.

« Tu as décidé de devenir un étudiant modèle en mettant la table pour les profs ? »

Qui est là ?
La voix qui venait de poser cette question n'appartenait certainement pas à un professeur. Newton aurait tout de suite remarqué si ça avait été le cas. Et puis, la personne en question venait de lui faire savoir qu'elle n'était pas armée. Le blond ne capta pas tout de suite pourquoi celle-ci faisait remarquer une chose pareille, mais lorsqu'il réalisa que c'était le Poufsouffle, Newt ne pu s'empêcher de rire.

« Qu'est-ce que tu fous là ? » s'entendit-il demander avec le ton bien amusé. Rory lui posa l'exacte même question ! Il sentit tout ses muscles se détendre et abaissa sa baguette comme l'étudiant venait de lui demander. Il n'avait pas eu l'intention de s'en prendre à qui que ce soit, de toute manière. Le but principal de son geste était surtout de réparer cette fichue tasse. Un objectif qu'il s'affaira à remplir immédiatement, d'ailleurs.

« Reparo. »

Les morceaux de porcelaine commencèrent à s'imbriquer les uns dans les autres jusqu'à ce que la tasse se reforme entièrement sur le sol de la salle des professeurs. Newton se pencha afin de récupérer l'objet, son attention toutefois dirigée vers son camarade blaireau. Surtout que celui-ci venait de terminer sa tirade en se moquant un peu de lui et de son passe-temps bizarre. « Hein ? Bien sûr que non ... » débuta-t-il, sourcils froncés. « J'sais même pas comment mettre la table, de toute façon. » Il saisit la tasse et voulu la déposer auprès des autres, mais il avait oublié toute l'utilité de l'objet. La tasse se muni soudain d'une bouche pleine de dents et lui mordit violemment la main. « Aïe !! » s'exclama-t-il en manquant - à nouveau - de faire tomber l'objet. Du bout des doigts, il la récupéra et la laissa rouler sur la table, observant plutôt l'état de ses mains. « Tsss ... » Il suçota son doigt là où la plaie était en train de saigner. Puis, comme il lui devait bien quelques explications, il termina : « J'voulais juste jouer un tour aux profs pour inaugurer la nouvelle année ... »
Son visage exprimait une rancoeur profonde envers les tasses. Il ne semblait plus aussi enthousiasmé, d'un coup.

Rory n'était pas du genre à vouloir jouer les rebelles au point de faire perdre des points à sa maison (Poufsouffle battait de l'aile depuis quelques années, autant ne pas rendre les choses encore pire). Mais un sourire vint à apparaître sur le visage du blond lorsque son vis-à-vis fit savoir qu'il ne savait même pas mettre la table.

« Tu es sérieux ? J'aurais pourtant cru que tu saurais, depuis le temps. » Et surtout avec la mère que Newton avait. Ceci dit, le sujet changea rapidement et la curiosité du jeune Ashbolt fut tilté par les paroles de son ami. Il désirait jouer un tour aux profs ? Bon, déjà qu'une tasse soit aussi agressive envers un humain, mit un peu la puce à l'oreille du Poufsouffle. Jamais une tasse n'avait été animé avant aujourd'hui, m'enfin, sous ses yeux quoi.

« Ce serait bête que ton tour se retourne contre toi. » Dit-il en s'approchant du garçon en lui prenant la main. Ce simple geste le mit mal à l'aise, mais lui fit pousser des ailes. Un simple contact avec un autre garçon - qui lui plaisait de surcroît - avait quelque chose de magique pour lui. Ses sense s'éveillait et il désirait un peu plus. Pourtant, ce geste n'était qu'anodin et sans arrière pensée.

« Bon ça va, c'est pas si pire. » Il eut un petit sourire en lui relâchant la main et porta son attention sur les tasses et la théière. « Donc, ton plan c'est qu'ils soient tous mordus par des tasses en colère ? La théière fait quoi ? Elle crache le thé à la tronche des profs avant que celui-ci ne touche le fond des tasses ? »

Et bien quoi ? Il cherchait à comprendre l'idée de Newt, même si à sa tête, le blond semblait un peu rancunier là.
« La tête que tu tires, t'aime pas quand on te mords ? »

Mais c'était quoi cette question à double sens.

Newton arbora son plus fier sourire quand Rory lui fit remarquer qu'il était pourtant certain que le blond savait au moins mettre la table. « J'refile ça à ma petite-soeur. » admit-il avec toute la flegme du monde. Par la suite, Rory vint lui prendre la main afin d'observer l'état de celle-ci. Il est vrai que la tasse à thé mordeuse avait fait des dégâts. Un objet magique que, de surcroît, il n'avait même pas le droit de faire rentrer à Poudlard.

Si le concierge mettait la main là-dessus, il aurait de gros problèmes. Mais, comme tout le monde s'en doutait, Newt avait besoin de plus que ça pour s'inquiéter de son avenir. Disons même qu'il aimait risquer le tout pour le tout. Sinon, la vie était d'un ennui mortel. Durant un instant, le silence plana, permettant au garçon à moustaches d'observer Rory de plus près, lui trouvant un charme inexplicable.

Il avait une bonne odeur. Et, de plus, son visage exprimait quelque chose d'imposant par son caractère naturel. Newton ne quitta pas le Poufsouffle des yeux même quand celui-ci lui eut lâché la main et lui eut posé cette question sur le plan qu'il avait en tête. « Ce sont des tasses à thé mordeuses. Je les ai achetées chez Zonko l'année dernière. » Il se frotta le dessous du nez d'un air fier de lui. « J'attendais le bon moment pour les essayer ! Mais, pour être franc, je sais pas du tout si elles crachent des feuilles de thé. Faut avouer que ce serait franchement marrant ... »

Il hocha la tête de gauche à droite avec émotion.
« J'aimerais bien être une petite souris pour voir la tête des profs quand ils les essaieront ... »
Sauf que bon. Il avait des cours et ne pouvait pas se permettre de rester caché dans la penderie toute la journée. D'autant qu'il soupçonnait celle-ci d'abriter un épouvantard. Mais ça ? C'était une autre histoire ...

« J'adore quand on me mord. » répliqua-t-il lorsque Rory lui demanda pourquoi il tirait une telle tête. « Mais je préfère quand la personne qui le fait a des bras et des jambes, if you know what I mean ! Ha ha. » Il se frotta la joue et jeta un dernier coup d'oeil à sa blessure à la main. Haussant les épaules, il renchérit : « Et toi t'es là pourquoi ? Balade matinale ? »

Rory n'avait pas conscience qu'en ce moment, Newton était en plein exploration. Il ne réalisa pas non plus, que ce regard semblait intéressé par ce qu'il voyait. Non, Rory n'était pas assez prétentieux pour croire qu'il était mignon, séduisant, charmant, sexy. Pour lui, il n'avait rien de plus qu'un humain banal et son charme s'élevait à 0% et moins que ça. D'ailleurs, c'était là tout le soucis avec ce garçon. Incapable de remarquer qu'il avait de la classe et qu'il était assez séduisant. Il n'osait jamais croire quoi que ce soit qui pourrait le mettre en valeur... Dommage, réellement.

Une fois la main relâché, il écouta les explications de son ami et fronça un peu les sourcils. « Depuis l'année dernière ? Wow, tu voulais réellement attendre le bon coup avant d'en user. » C'était impressionnant. « Je ne te pensais pas aussi patient. » Avoua-t-il avec un petit sourire en coin. Une fine taquinerie qu'il se permettait uniquement avec les gens avec qui il était assez à l'aise.

Ceci dit, il n'était pas certain que ce serait marrant pour les professeurs si les tasses crachait les feuilles de thé en plus. « À voir ta tête quand la tasse t'a mordu, je crois que la morsure en elle-même est assez insultante, pas besoin d'être humilier en plus avec un cracha de feuille de thé. » Assura-t-il avec amusement, observant la table.

Il pouvait comprendre son envie d'être une petite souris afin de voir le spectacle. Ce serait surement intéressant de voir tout les professeurs et directeur se faire prendre aux jeux. D'ailleurs, la simple pensée de voir son père mordu par une tasse, l'amusa secrètement, assez pour dessiner un sourire en coin sur son visage.
Visage qui devint soudainement rouge cramoisi sous les paroles suivante. OH mon dieu. Jamais il n'aurait cru que Newt irait dans cette direction suite à sa remarque sur la morsure. Rory avala lentement ce surplus de salive dans la gorge et tourna lentement la tête vers le blond.

« Ha ha ... » Rire nerveux. Oui oui, il comprenait TRÈS BIEN, TROP BIEN même ce qu'il voulait dire et heureusement que Newt changea de sujet, parce qu'il allait se mettre à bafouiller. Quoi que ...

« J-je n'arrive pas à bien dormir la pre-... première semaine à Poudlard ! » Dit-il en maudissant les images qui défilait dans son esprit depuis les paroles de son comparse. Mais, diable, pourquoi avait-il ouvert la porte sur le sujet. « Ahem. » Il se racla la gorge et haussa les épaules. « Donc, comme je savais plus quoi faire dans mon lit, je me suis dis qu'une balade serait le mieux.... » Oui, le mieux. Drôle comme il n'en était plus très certain.

Newton se permit de bouger la main de gauche à droite en faisant des "tut tut tut", comme pour corriger sa pensée avant que celle-ci ne devienne un fait. « Patient, je ne suis pas, l'ami. C'est juste que j'avais beaucoup d'autres plans en réserve qui étaient plus faciles et plus rapides à réaliser. » admit-il avec un sourire éclatant. Visiblement, le fait d'avouer qu'il avait préféré choisir les options qui ne cassaient pas les couilles ne semblait pas le gêner plus que ça. Il fallait dire que le blond n'était pas reconnu pour son orgueil. Léger, simple. Voilà ce à quoi il aspirait dans la vie.

Cela dit, quand Rory lui fit remarquer que les tasses à thé mordeuses étaient déjà assez humiliantes comme ça en faisant référence à sa propre mésaventure, Newt dû bien se rendre à l'évidence qu'il n'avait pas tort. Sa petite blessure à la main cicatriserait sans doute afin de lui rappeler à quel point ce moment de sa vie était dramatique ...
Ou pas.

« Ouaaaais. T'as pas tort. » conclut-il, se passant une main dans les cheveux pour les ébouriffer un peu. Déjà qu'ils allaient dans tous les sens, le Gryffondor semblait avoir grand besoin d'empirer le champ de bataille que représentait sa chevelure. Enfin, bien que Newton ne soit pas le plus dégourdi des lions, il remarqua évidemment la façon dont Rory réagit à sa petite remarque grivoise. Assez, en tout cas, pour le pousser à avoir l'air intrigué. Il n'était pas sans savoir que son ami le blaireau était un peu réservé quand il était question d'amour ou de quoi que ce soit s'en rapprochant. Pourtant, tous les élèves avaient déjà vu Rory accompagné d'une jolie demoiselle. Mais ses relations ne duraient jamais bien longtemps.

« Si tu savais pas quoi faire dans ton lit, t'aurais pu m'inviter. » plaisanta-t-il, mettant un peu d'huile sur le feu. Puis, s'étirant paresseusement, un bras derrière la tête et la main sur le ventre (qu'il gratta pour la forme), Newt traîna ses pieds jusqu'aux bibliothèques pleines de livres. « Tu crois que les profs cachent des trucs ici ? » demanda-t-il, les yeux brillants. Oui, il avait le regard d'un élève qui avait toute sorte de mauvaises idées en tête, là.

Ce n'était pas une question d'avoir raison ou tort, mais Rory allait de son expérience ou de ce qu'il voyait et ... Newton n'avait pas apprécié se faire mordre, comme un peu n'importe qui. En fait, lui-même se mettrait en colère si quelqu'un ou quelque chose le mordait alors qu'il ne s'y attendait pas.
Amusé durant un bref moment, oubliant même sa gêne après avoir parler de morsure, hein. Il se retourna vers le garçon et échappa littéralement ce qu'il venait de prendre entre ses mains. Il avait saisit un bouquin qui trainait sur l'un des meubles dans le but de ne plus penser à la conversation d'avant, mais voilà que Newt recommençait.

Par merlin, le faisait-il exprès ? Il déglutit de nouveau en avalant sa salive lentement, une difficulté nouvelle parce que la gêne le paralysait. Il aurait pu l'inviter dans son lit ... Mais, mince quoi ! C'était quoi cette remarque ... ? D'ailleurs, Rory capta quelque chose qu'il n'avait jamais réalisé plus tôt. Est-ce que le lion aimait les garçons ... ? Cette nouveauté le rendit encore plus timide alors que ses jambes semblait devenir guimauve sous les sensations qu'il ressentait dans sa poitrine.

« Oh, ça va he-hein ... C'est pas comme si tu aurais accepté de toute façon et puis, pourquoi tu me sors ce genre de co-connerie... » Il cherchait à reprendre contenance, mais les mains tremblantes, il eut du mal à reprendre le livre qu'il ramassa sur le sol. Est-ce que Newt aurait dit oui ? ... Oh non ! NON Rory, ne songe même pas à imaginer ce que cela donner-.... Trop tard. Dos au garçon, le blond rougis de plus belle en frissonnant, ayant la chair de poule sur les bras. M'enfin, pourquoi .... Vivait-il ce moment ?
Il se racla la gorge sous la question de Newt, toujours dos à lui. Est-ce que les profs cachaient des trucs ici ? « Je ne sais pas... » Il se retourna finalement. « Je suis sur que mon père ce cache des gnomes aux poivres, il est accro à ce truc .... »

Un peu niais sur les bords, Newton ne réalisait pas tellement l'effet qu'il avait sur son compagnon. Toute son énergie était concentrée sur ce qu'il y avait dans ces armoires, ces tiroirs de bureaux et ces étagères pleines de livres. Tant de secrets de professeurs bien gardés qu'il aurait pu retourner contre ses propriétaires ! Le blond échafaudait déjà des plans foireux à l'intention de ceux qu'il n'aimait pas beaucoup et qu'il voulait voir honteux.

Cela dit, c'est bien l'aveu de Rory qui le fit le plus rire. S'essuyant le coin de l'oeil à cause du bâillement qu'il avait lâché tout à l'heure, le Gryffondor s'approcha de son camarade de classe en semblant très amusé. « C'est vrai ? Il aime ces bonbons ? Perso, j'aime pas trop la menthe. » Ces friandises étaient reconnues pour avoir un goût de menthe poivrée et pour faire souffler de la fumée. L'idée que le professeur Ashbolt ait envie d'imiter le Poudlard Express lui faisait imaginer toute sorte de scénarios, d'un coup.

M'enfin.
Autant se concentrer sur Rory.
« T'aimes quoi toi ? Maintenant que j'y pense. On a pas pu aller chez Honeydukes durant les vacances. Y'a pas mal de trucs que j'aurais bien envie de manger ... »
Le blond se mit à divaguer un peu : « Une bonne baguette magique à la réglisse ... » Tiens donc, ça lui donnait faim, tout ça. Newton était reconnu pour son grand appétit, d'ailleurs, et le fait qu'il trouvait toujours le moyen de manger même quand il n'avait pas du tout besoin de le faire. C'était peut-être la croissance qui voulait ça. Remarquez. Le Gryffondor prenait quelques centimètres à chaque année et se faisait de plus en plus athlétique à mesure qu'il enfilait les matches de Quidditch. « T'as déjà goûté aux nids de cafards ? Ça a l'air dégueulasse. Qui mange ça, sérieux ? Les gobelins ? » Il plissa les yeux d'un air blasé, cheveux au vent. Pourquoi au vent, d'ailleurs ? Ah. Il venait de remarquer que la fenêtre de la salle des professeurs était ouverte.

Oh, que ce soit vrai ou pas, Rory ne chercha pas réellement à répondre à cette question. Il savait que son père en mangeait (parfois même en cachette), mais ce n'était surement pas au point où il l'exagérait. C'était simplement une petite blague familial qui continuait de rouler dans la famille. Sa mère aimait bien charrier l'homme avec ses friandises et Rory poursuivait la tradition à Poudlard. Ainsi donc, Newton n'eut pas de réel réponse, si ce n'est qu'un rapidement haussement d'épaule.

Le blond observait les tasses sur la table et les autres effets disposés ici et là. Il semblait perdu dans ses songes, quand Newt l'en sortit, posant une question assez intéressante. En fait, il réalisait que son compagnon avait raison. Ceci dit, Rory avait toujours eut beaucoup de mal à choisir ses friandises ... Plutôt changeant dans ses goûts et désire (comme pour l'amour, mh).

« C'est une bonne question, en temps normal j'aime beaucoup ce qui est fait en chocolat, mais sinon je ne dirais pas non à quelques plumes en sucre ou des chocoballes... » Il fronça les sourcils en souriant de nouveau. Il trouvait Newton assez drôle et intéressant dans sa façon de voir les choses.

Il se recula un peu, trop près du jeune homme. En fait, depuis tout à l'heure il se trouvait trop proche de lui et avait cette impression que ce n'était pas bon. Dans un soupire, il s'arrêta près de l'armoire et sursauta quand celle-ci trembla un moment. Pour sur, un épouvantard s'y trouvait ! Encore .... Son père ne faisait donc pas le ménage ?

« Hein ? » Lâcha Rory quand Newt posa une nouvelle question. « Des nids de cafards ? Euh ... Non, jamais ... Disons que ça ne m'attire pas vraiment... » Tout comme son ami blond, il ne voyait pas qui voudrait manger ce genre de bonbons, ça sonnait et avait l'air totalement dégoutant alors bon.

« Tu as déjà été confronté à un Épouvantard durant un cours de défense ? » Demanda-t-il en se tenant toujours devant l'armoire en question.

Newton, bien que la plupart des gens se seraient certainement peu formalisés d'une telle information, écouta attentivement ce que lui disait le jeune blaireau quant aux friandises que celui-ci aimait bien manger. Il répondit à son sourire quand Rory lui en fit un et le regarda qui reculait et reculait de plus en plus vers l'armoire. Sur le coup, Newton n'en fit pas de cas, mais les deux jeunes hommes durent bien se rendre à l'évidence que ce n'était pas n'importe quoi. L'armoire, au contact du Poufsouffle, s'était carrément mise à trembler. Il y avait aussi un bruit sourd à l'intérieur qui donnait l'impression que quelqu'un était emprisonné dedans.

La question que lui posa son camarade de classe sembla d'autant plus appropriée lorsqu'il lui demanda s'il avait déjà été confronté à un Épouvantard lors d'un cours de DCFM. En y songeant, les professeurs s'étaient souvent succédé à ce poste, mais jamais n'avaient-ils vraiment été compétents au point de lui permettre de profiter à fond de son cours préféré. Trop de théorie, pas assez de pratique. Trop de suppositions, pas assez de faits.

« Pas dans mes souvenirs. On l'a étudié, c'est vrai. Mais on en a jamais affronté. » admit-il en réalisant que c'était bien décevant, tout ça. Il aurait aimé pouvoir dire qu'il avait affronté autre chose que sa mère en colère en terme de créature maléfique. Sauf que ce n'était guère le cas pour l'instant. Très dommage, d'ailleurs. « Et toi ? T'en as déjà vu un ? » Newton fixait désormais l'armoire avec une expression faciale partagée. Il avait envie de voir ce qui l'attendait de l'autre côté de ces portes en même temps que d'être terrorisé à l'idée de ce qui - justement - pouvait s'y trouver.

Rory n'appréciait guère les épouvantards et pour être totalement honnête, c'était là un cauchemar qui le hantait dès qu'il cherchait quelque chose dans le grenier à la maison ou encore au sous-sol. Des endroits sombres et possible d'y voir un épouvantard, il en existait beaucoup. Alors honnêtement, il savait ce qu'ils risqueraient à ouvrir la penderie. « Oui, une fois. » Admit-il en avalant lentement, sursautant de nouveau lorsque l'armoire tangua sous l'effet. Visiblement l'épouvantard avait sentit leur présence et devenait plus insistant.

Sans se rendre compte, Rory saisit brusquement la main de Newt et serra celle-ci en fronçant les sourcils. « Je devais avoir dix ans quand je suis tombé sur un épouvantard ... Il était enfermer dans le cabanon abandonné de mon père ... J'ai voulu m'y rendre parce que mon vélo était là-bas, mais quand j'ai ouvert la porte ... C'est une étrange forme qui en sortie... C'est bizarre, parce que j'ai jamais vraiment comprit si la forme de base c'était celle réelle de l'épouvantard ou juste la silhouette de ma pire crainte qui se dessinait devant moi ... »

Encore une fois, sa salive lui manqua et il serrait toujours la main du blond en tremblant lui-même.

« Ma mère m'a finalement dit que personne n'avait réellement vue la forme d'un épouvantard ... » Donc, cela n'avait été que la vision de son cauchemar. Il soupira en posant un regard sur Newt. « Je me demande si... ma crainte est toujours la même depuis ce temps... À l'époque, c'était une silhouette qui s'éloignait de moi, encore et encore, malgré le fait que je la suppliais de revenir... rien à faire, elle s'éloignait et j'ai fais une crise de panique. C'est mon père qui m'a trouvé et qui a jeter le sortilège de Riddikulus ... »

Un moment de sa vie qui l'avait toujours marqué. Encore aujourd'hui, il ne pouvait dire qui avait été la silhouette ...

Newton s'adossa au mur le plus près et croisa les bras contre son torse en écoutant ce que Rory avait à lui raconter quant à l'épouvantard. Beaucoup de choses étaient dîtes sur cette manifestation de magie : non-être, cette créature n'était pas à proprement parler vivante et puisait sa force dans les émotions humaines. Plus une peur était viscérale, plus l'épouvantard était puissant. À bien y songer, c'était assez terrible d'imaginer en croiser un. Heureusement qu'un sortilège avait été prévu pour affronter celui-ci ! Et puis, d'un autre côté, Newton se dit que ce ne pouvait décemment pas être pire que de faire face à une horde de détraqueurs. Même quand il était tout petit, sa mère le mettait en garde contre ces créatures, prétendant que s'il ne rentrait pas à l'heure, cette créature en cape viendrait le chercher.

... Bon, il faut dire que Lydia avait une manière bien à elle de convaincre ses enfants de se tenir tranquille. Lorsque Rory lui expliqua qu'il n'avait pas vraiment eu l'occasion d'analyser cette manifestation de peur alors Newton comprit que, en un certain sens, l'adolescent aurait aimé pouvoir mettre un terme exact sur ce qu'était sa crainte la plus profonde. D'ailleurs, plus son monologue avançait, plus Newt' avait l'impression que le Poufsouffle tentait de lui transmettre un message. Et, avec perspicacité, le lion finit par poser sa question : « Tu veux qu'on l'ouvre ? »
Son regard s'était posé sur l'armoire. Il avait déjà extirpé de sa poche sa baguette magique et la pointait sur le meuble qui continuait de faire du vacarme. D'ailleurs, persuadé qu'il valait mieux éviter d'être entendu, l'adolescent fit un mouvement de baguette. « Silencio. »
Ainsi, une personne extérieure ne pourrait pas entendre ce qui se passait - ce qui ne l'empêchait pas de pénétrer à l'intérieur de la pièce, toutefois. Mais bon, Newton n'était pas le meilleur élève de l'école et ne poussait pas sa réflexion aussi loin.

« Ça ne coûte rien d'essayer. » suggéra-t-il en lui faisant un geste de la main pour qu'il vienne se placer à ses côtés, au cas où. Ils ne seraient pas trop de deux pour neutraliser la créature si celle-ci les prenait au dépourvu.

Quand la main de Newton quitta la sienne et que le Gryffondor alla s'adosser contre le mur derrière lui, Rory ressentit un sentiment d'abandon, comme si l'idée qu'on puisse lui tenir la main était ... M'enfin, le blond de la maison des blaireaux secoua la tête, il était surement mieux de ne pas faire de réflexion trop intense pour rien. En ce moment, ce n'était pas la question. Le plus important, c'était ce qui se retrouvait derrière les portes de l'armoire. Le plus important, c'était de savoir si oui ou non, il y avait un épouvantard. En fait, normalement Rory ne chercherait pas à savoir, mais là ...

Tu veux qu'on l'ouvre ? Cette question sonna dans sa tête en écho et Rory mit un moment avant de répondre à Newton. Il tourna lentement la tête vers le jeune homme et avala lentement sa salive. « Pourquoi pas ? » Il avait la voix un peu tremblante, mais il devait admettre que son envie de pouvoir affronter une créature en étant avec Newton, l'excitait un peu.

Il se recula donc, puisque Newt lui faisait signe de venir le rejoindre. Rory posa la main sur le manche de sa baguette, sortant celle-ci en cherchant à faire le vide dans tout son corps. Il ne devait pas être nerveu, sinon jamais il ne serait en mesure de lancer un sortilège. Il devait être concentré et sur de lui, d'ailleurs ...
« Tu sais comment on lance un sortilège du Riddikulus ? » Parce que c'était important de connaitre les étapes avant d'ouvrir la porte de l'armoire ... Mais trop tard, pour une raison que Rory ignorait, l'épouvantard ouvrit la porte brusquement. En fait, il était possible que la porte de l'armoire ne fut jamais verrouiller et qu'à force de faire bouger le meuble, les portes ce soit ouverte.

Mince ...
Non, Merde serait le mot juste et approprié en ce moment. Rory recula d'un pas, ce qui laissait Newton en premier plan et donc l'épouvantard se retourna vers le lion.

Lorsque Rory vint le rejoindre, le Gryffondor lui envoya un simple sourire, voulant le rassurer quant à la situation. Il n'y avait aucun risque que le lion fasse ça s'il n'était pas sûr de pouvoir se débrouiller. Malgré tout, la question que lui posa le blaireau le poussa à grimacer un peu. « Je sais la théorie ... » Il allait ajouter que ce ne devait pas être si compliqué, mais la porte de la penderie s'était ouverte et, avec elle, une masse informe qui se mit à tourbillonner en s'approchant de lui. Avant même d'avoir pu dire ou faire quoi que ce soit, Newton se retrouva enfermé entre quatre murs. D'abord, la pièce avait la forme d'une petite salle d'eau. Puis, elle devint aussi large qu'un placard. À ce moment, Newton se sentait déjà mal à l'aise, songeant à un moyen de fuir cette vision, mais celle-ci devint de plus en plus inquiétante : en effet, les murs étaient en train de se refermer autour de lui. Il pouvait sentir ceux-ci s'appuyer contre ses épaules et l'obliger à demeurer immobile. Il y faisait très sombre et, dans cette position, Newton avait pratiquement sa baguette magique au beau milieu de la tronche.

Il ne pouvait plus entendre que sa respiration et son coeur palpitait à cause du stress. Depuis qu'il était resté coincé dans une caverne étant gamin, Newton avait toujours eu la trouille d'être enfermé. Cette claustrophobie semblait s'être manifestée autour de lui par la présence de l'épouvantard. Le blond se sentit le besoin de lancer : « Rory ? T-t'es l-là ?! » Rien. La panique était en train de le gagner et il se sentait extrêmement vulnérable ainsi positionné. En désespoir de cause, il puisa en lui ses dernières parcelles de courage pour lancer : « Riddikulus ! » Les murs se mirent à trembler contre lui. Puis, peu à peu, chaque brique se mit à exploser et à prendre la forme d'un ballon multicolore qui flotta jusqu'au plafond avant d'éclater. Pow ! Pow ! Pow ! À la fin, il ne restait plus qu'un ballon. Et celui-ci se mit à filer vers Rory comme si une brise invisible l'avait poussé. Newt' faillit faire tomber sa baguette en reprenant son équilibre.

Sans vraiment le contrôler, il retint son souffle.
« Fait attention ! » s'exclama-t-il en ayant le regard rivé sur cet inoffensif ballon. Celui-ci allait certainement se mettre à tourbillonner dans peu de temps ... afin de changer de forme devant celui qui se trouvait à ses côtés.